Avant l’usage du calcul des probabilités né au 16ème siècle dans l’esprit de Girolamo Cardano, grand médecin et joueur invétéré, l’homme a longtemps fait preuve d’une remarquable imagination dans la façon d’interpréter les évènements fortuits. Les temps actuels de pandémie ont réveillé cette faculté.
La rhapsodomancie notamment, qui consistait à prendre au hasard le passage d’un livre pour connaitre les desseins cachés du destin, semble, par exemple, faire des adeptes chez Deutsche Bank. La lecture de sa très visionnaire note de recherche sur le risque de catastrophes majeures à 20 ans doit s’accompagner, pour donner toute sa mesure, de celle du passage du Livre de l’Apocalypse où l’ouverture du sixième sceau annonce les mêmes cataclysmes que ceux prophétisés par la banque.
Le sophisme du joueur désigne cette difficulté extrême pour le cerveau humain à ne pas voir ou chercher un schéma dans l’aléatoire, même au prix de l’absurde. Crise de la prévisibilité plus que de la prévision, la crise de 2008 l’avait brutalement illustré. La puissance de cette impulsion universelle, trompeuse car l’aléatoire n’est pas harmonieux, participe pourtant de notre instinct de survie en exprimant le désir profond de rester maître de notre environnement.