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À la veille de l’annonce par la Commission d’un plan de relance crucial, la situation de l’Union Européenne ressemble à celle du Saint Empire Romain Germanique à la veille de la paix d’Augsbourg en 1555. La nouvelle Ligue Hanséatique animée par les Pays Bas n’est pas la Ligue de Schmakalden des princes luthériens et l’Autriche a changé de camps, mais deux légitimités s’opposent aujourd’hui, aussi peu conciliables qu’hier. Le réalisme du compromis d’Augsbourg, ramassé dans la formule cujus regio, ejus religio, devrait trouver un écho dans le futur plan de Bruxelles pour contenter les tenants de la vertu budgétaire et ceux de la solidarité financière.
Mais si l’ambition de l’Empire était la gloire de l’empereur, celle de l’Union est d’abord la paix entre ses membres et leur prospérité. Deux Guerres de Trente Ans ont ravagé l’Europe. Le Saint Empire a sombré dans la première, l’Union Européenne s’est construite sur les ruines de la seconde. L’Allemagne et les Pays Bas veulent à raison d’une Europe forte pour affronter les grands enjeux contemporains. Le projet européen n’est pas une œuvre de bienfaisance. Il n’est pas davantage une ligue de vertu. Ni le paradis fiscal hollandais aujourd’hui ni l’Allemagne moralement disqualifiée hier n’auraient pu y prétendre