On trouvera ci-dessous notre matrice de taux au 22 mars dernier et à aujourd’hui;
On notera :
- L’accélération historique de la normalisation des taux d’intérêt corrigeant de manière très brutale l’anomalie, historique elle aussi, que constituait le contexte de taux négatifs et à zéro (encore 70% du stock de dettes européennes en août 2021).
Encore une fois, les deux sont presque mathématiquement liés : la sensibilité d’un titre zéro coupon est extrême, égale à la maturité du titre. A partir du moment où les Banques centrales ont annoncé clairement leur volonté de revenir à leur fonction première (préserver la stabilité des prix), la correction ne pouvait-être que brutale.
Les obligations euro affichant des rendements inférieurs à 3% sont en voie de disparition - L’enjeu corollaire pour le financement des Etats. Dans le projet de loi de finance français présenté lundi dernier, on lit que le taux moyen pondéré sur les émissions de dette d’Etat à moyen et long terme ressort sur les trois premiers trimestres de l’année à 1,18% contre -0,05% en 2021, 1,26% sur la période 2009-2019 et 4,15% sur la période 1998-2008.
La durée de vie moyenne de la dette négociable est de 8 ans et 221 jours (au 31 juillet).
Sur cette durée, le taux moyen des titres notés AA (notation de la France) affiche 3,34% aujourd’hui (3,09% pour un AAA).
Entre 1998 et 2009, la France a pu supporter un coût moyen supérieur pour ses émissions, mais son niveau d’endettement en proportion du PIB était équivalent à celui de l’Allemagne (65%). C’est à partir de 2008, et continûment après, que les trajectoires des deux pays divergent radicalement (plus de 40% de différence aujourd’hui sur cet indicateur).
Dernier point : l’inflation ne mordra que marginalement sur le stock de dette non indexée de la France : l’inflation est encore essentiellement importée, le « prix » du PIB, seul facteur pertinent pour que s’opère l’effet désiré, ne monte que très peu.
La dispersion impressionnante des rendements moyens sitôt franchie la frontière du High Yield :
De 5,15% à 10% sur le segment 3- 5 ans en passant de BBB- à B ;
De 5,45% à 11% sur le segment 5- 7 ans en passant de BBB- à B+
La hausse du spread est particulièrement significative entre les titres notés BB+ et BB : soit de 140 à 200 bps en moyenne pour les maturités respectives de 2-3 ans et 3 – 5 ans.