Un proverbe est une phrase concise et imagée qui tient du dicton, de l’adage, et qui recueille un précepte de la sagesse populaire, une règle de conduite, une vérité. Ils sont utiles quand la confusion ambiante ou la perte de repères rendent inopérantes les approches subtiles ou les jugements nuancés. C’est le cas des marchés obligataires actuels. On suivra donc, en matière de stratégie d’investissement, quelques règles simples que contiennent trois adages bien connus
Si le renard sait beaucoup de choses, le hérisson n’en sait qu’une seule, mais elle est grande
Dans un contexte de crack obligataire quasi continu, la recherche de diversification n’est d’aucun secours. La corrélation est partout. Comme le hérisson, il faut se mettre en boule, ou, dans un registre maritime, se mettre à la cape. Il y a des conditions où suivre une allure est presqu’impossible. L’objectif principal est de survivre à la tempête : on baisse toutes les voiles en amarrant la barre. Appliqué à la gestion obligataire, on protège le portefeuille d’une contre-performance trop dommageable en gonflant fortement la poche cash et en couvrant l’exposition crédit.
On privilégiera toutefois la cale courante à la cale sèche pour repartir rapidement quand la tempête cesse. En cale courante, la voile est choquée au maximum. Le bateau progresse légèrement. On comprend l’analogie : le cash n’a pas de portage et la couverture coute très cher. Beaucoup de titres 5 ans en euro bien notés (BBB+/A-), qui n’offraient aucune protection à la hausse des taux en début d’année (0,1% en moyenne), ont aujourd’hui des rendements supérieurs à 3%. Ils constituent un bon compromis alors que la hausse des taux est déjà bien entamée et celle des taux de défaut HY encore à venir.
Il est plus facile de chevaucher un tigre que d’en descendre
Chevaucher un tigre et espérer en descendre indemne constitue un projet au mieux très ambitieux, mais plus surement suicidaire. Dans un contexte de crack obligataire, chevaucher un tigre s’apparente, à investir dans des stratégies à levier en pensant mettre à profit la volatilité du marché. Mon ami Xavier Nicolas, gérant expérimenté m’a souvent répété qu’on peut avoir raison sur le sens du marché et ne pas pouvoir tenir sa position en raison des stop loss et des appels de marge. C’est une des leçons, apprises à ses dépens, du Great Bond Massacre de 1994.
Quand les gros maigrissent les maigres meurent
L’adage préféré de mon ami Philippe qui le tient de la Banque centrale de Chine. L’écartement des spreads, dû à la hausse des taux, ne signale pas une crise de crédit mais constitue une opportunité d’investissement. La remontée attendu du taux de défauts, si elle est dans l’ordre des choses, doit en revanche inciter à porter son attention non seulement au levier financier, mais aussi au levier opérationnel des entreprises ciblées. L’idée, on l’aura compris, est de choisir les signatures les plus résilientes.