La draft de la NBA est un évènement majeur de la saison de basket aux Etats-Unis. Son principe vise à aider les franchises les plus mal classées à rebondir en les favorisant pour le recrutement des meilleurs joueurs universitaires. S’il existait un tel système pour les pays en crise, la draft miraculeuse d’économistes stars réalisée par la franchise France pour la constitution d’un rutilant Conseil économique témoignerait autant de l’ampleur de ses difficultés que de son potentiel de redressement. Encore faut-il faire confiance aux nouvelles recrues.
En France le pouvoir considère plus qu’ailleurs l’économie politique comme son domaine réservé, tenant pour négligeable l’apport d’expertises extérieures à l’écosystème étatique. Louis Chevalier, titulaire en 1841 de la première chaire d’économie politique au Collège de France, notait déjà cette tendance chez les gouvernants tout en déplorant chez la plupart l’ignorance de principes économiques essentiels. Dans son Histoire de la pensée économique, Althusser pointait plutôt la responsabilité d’économistes français trop férus de politique. Le pays qui préférait avoir tort avec Sartre que raison avec Aron semble certes plus sensible au messianisme fiscal d’un Piketty qu’à l’économie du bien commun d’un Tirole.