La belgitude trouve son origine dans une certaine disposition à la modestie et à la raison des petits pays dans leur vision du monde.
Pays dépositaire de l’expression éponyme, la Belgique doit ce privilège à son expérience unique des situations inextricables, archétype de la complexité européenne : sécessionnisme régional à l’espagnol, instabilité gouvernementale à l’italienne, désinvolture budgétaire à la française.
Malgré tout, le pays fonctionne, emprunte sur les marchés au même niveau que la France et dispose de l’économie la plus ouverte de l’Union. Il bénéficie aussi, avec Bruxelles, siège des institutions européennes, du même effet de rehaussement dont par exemple l’Etat du Vatican profite en abritant le Saint Siège.
La Belgitude traduit également et surtout une certaine pratique diplomatique empreinte de pragmatisme dont les pays européens ont souvent su faire usage pour le règlement de leurs affaires communes.
En dépit des apparences, les laborieuses négociations pour un accord en vue sur le plan de relance de la Commission font partie de la méthode. Le ballet diplomatique est à la conférence européenne ce que la parade nuptiale est à l’accouplement, une succession de postures à l’agressivité bien réglée nécessaire au rapprochement des positions.