La relation inflation – dette est bien plus complexe que l’approche simplifiée reprise un peu partout en ce moment, faisant de l’inflation un bruleur de dette infaillible

En prenant l’exemple de la dette publique, il est juste en principe de considérer que plus l’inflation augmente, plus la valeur du PIB exprimée en valeur augmente, ce qui entraine une réduction du ratio dette/PIB.

Encore faut-il :

Que la dette n’augmente pas plus vite que le PIB sous l’effet de la charge d’intérêt et du solde primaire (hors intérêt).

Pour ce faire, ce dernier doit être supérieur ou égal au solde primaire stabilisant qui se définit comme le produit de la dette par la différence entre le taux d’intérêt apparent du stock de dette et le taux de croissance du PIB en valeur.

Dans la mesure où l’inertie du taux d’intérêt apparent de la dette est forte, à moins d’une très forte hausse de la prime de risque sur la dette de l’année en cours restant à lever, on peut le supposer constant.

Pour de la dette française (8,6 ans de durée de vie moyenne), l’AFT ne donne pas le taux d’intérêt apparent mais un équivalent, le taux moyen pondéré, pour la période 2009 – 2020 (1,26%), pour 2021 (- 0,05%) et pour l’année en cours (1,18% à fin septembre).

Si le taux d’intérêt apparent reste donc quasi-constant, une hausse de l’inflation entraine une hausse du PIB, et donc une augmentation de l’écart avec le taux d’intérêt apparent : la réduction du ratio dette/PIB s’en trouve facilitée.

Encore faut-il aussi :

Que la hausse du PIB soit équivalente à celle de l’inflation dans ses effets : le PIB doit pour ce faire augmenter en valeur (soit croissance du PIB en volume fois le prix du PIB).

L’équivalence systématique supposée entre les deux notions est abusive. Car l’augmentation de l’inflation, c’est le cas partout en Europe, peut provenir pour l’essentiel de la hausse des prix des importations. Dans cette hypothèse, le PIB augmente peu en valeur.

Et les marges de manœuvre pour réduire le ratio dette/PIB se réduisent considérablement, voire disparaissent.

Mais même si la hausse des prix n’était pas due aux importations :

Il faudrait que la hausse des recettes de l’Etat, entrainées par la hausse du prix du PIB, ne soit pas annulé par une augmentation des dépenses financées par la dette visant à compenser la perte de pouvoir d’achat des ménages. Là encore, c’est le cas partout en Europe.