Ce que ne changera pas le nouveau Président brésilien élu, c’est, sur le conflit ukrainien, la position traditionnelle de non alignement du pays, renvoyant systématiquement la Russie et l’OTAN dos à dos.

Il faudrait qu’à la prochaine mention de cet argument aussi cynique qu’inepte, le Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère se réveille en martelant que l’OTAN n’existait pas au 19ème siècle, ce qui n’a jamais empêché la Russie d’envahir régulièrement ses voisins.

Le Talmud enseigne qu’une prophétie ne peut se dévoiler que sur un humain fort, intelligent, humble et grand de taille.

Je ne sais pas si Jacques Attali peut se prévaloir de toutes ces qualités, mais le doute ne semble pas l’habiter quand il prophétise, dans les Echos de ce weekend, le retour de la guerre entre la France et l’Allemagne « avant la fin de ce siècle », si les deux pays ne renouaient pas le fil de leur relation privilégiée qui fit l’Europe après trois guerres fratricides.

Une remarque seulement : dans l’histoire de la construction européenne, la force d’impulsion prêtée au couple franco-allemand tient de la légende dorée. Cette union sacrée fut à l’origine un mariage forcé. Avec comme grand entremetteur les Etats-Unis, inquiets de la vulnérabilité de l’Europe l’ouest face à la menace soviétique.

Il serait en fait à peine moins juste de prétendre que la Construction européenne s’est faite en dépit de ce couple continument dysfonctionnel.

Ainsi de la CECA, première brique de l’édifice européen, fondée en 1951 :  dés 1948 et jusqu’aux derniers mois précédant la Déclaration Schuman qui en dévoilait le projet en 1950, la France a tenté de rallier la Grande Bretagne à un projet d’alliance économique bilatérale intégrée.

Ainsi de la Communauté Européenne de Défense torpillée en 1954 par la France, à la consternation de Conrad Adenauer, le Ministre allemand des affaires étrangères de l’époque.