La mise en place sur le tard par le Président d’un Conseil économique invité à travailler sur quelques grands enjeux post pandémie offre un contraste instructif avec l’installation aux premières heures de la crise d’un Conseil scientifique au cœur même de l’exécutif. La vitrine d’un côté la task force de l’autre. En France le pouvoir considère plus qu’ailleurs l’économie politique comme son domaine réservé où s’exerceraient sans concurrence sa légitimité et ses compétences. Le recours à l’expertise extérieure à l’écosystème d’Etat procède souvent d’une stratégie de communication.

Si l’économie politique, comme la médecine, n’est pas une science exacte, elle est beaucoup plus qu’un corpus de techniques de gouvernement dont on apprendrait les ressorts dans les écoles d’administration. Mais la patrie de Colbert n’est pas celle de Quesnay. Père de l’Etat absolutiste, l’esprit du premier habite encore les ministères régaliens de la République ; fondateur de l’économie politique, le nom du second hante toujours les limbes où le plongea une monarchie rétive aux réformes.

Le prestige d’économistes stars redonne aujourd’hui à cette tradition intellectuelle française oubliée une visibilité mondiale. Puisse la culture autarcique du pouvoir s’y ouvrir aussi.