Invités par le Président à « être au rendez-vous de la mobilisation économique », désavoués par un juge sur le sujet central de la couverture des pertes d’exploitation liées au confinement, les assureurs en France semblent être à la crise sanitaire ce que les banquiers furent à la crise financière : un point de fixation du ressentiment général. La comparaison est pourtant injuste. On ne peut exiger des compagnies d’assurance aujourd’hui, ce même oubli de leurs missions premières tant reproché aux banques hier.

C’est en effet oublier le fondement même de l’assurance que d’appeler le secteur à payer pour la matérialisation d’un risque dont l’occurrence n’est pas de nature probabiliste.

C’est aussi oublier son principe de base voulant que les primes du plus grand monde payent les prestations d’un petit nombre. Sinistre global par définition, aux dommages simultanés, une pandémie doit ressortir d’un régime d’assurance d’exception.

C’est oublier enfin que, premier dépositaire de l’épargne financière des ménages, et investisseur majeur depuis longtemps mobilisé pour l’économie du pays, la profession se doit au respect, rappelé par la tutelle, de ses obligations prudentielles.

L’hubris est l’oubli de la mesure. Il suit souvent la perte d’identité.